1980 Maroc - Algérie - Tunisie


Dans les méandres du Maghreb


C'est entre deux voyages que je m'offre une petite escapade dans le Maghreb.

Organisée avec Gg depuis le tout début, on se dit qu'on pourrait aller se bouffer une tajine à Agadir pour Noël. Tout est dit.

Nous cherchons des bécanes. Les deux mêmes, comme ça, moins de matos à emporter (outils et pièces de rechanges) et de connaissances à avoir.

Deux Honda XL 250 feront très bien l'affaire. Pas grand chose à bricoler. Une petite grille sur le phare avant, une boille de grande contenance, un jerricane gas , un jerricane eau et deux sacoches chacun, rachetées à l'armée , au surplus de la caserne des Vernets.

Le reste est pour la déco. Un pneu pour Gg (qu'il ramènera à la maison) une tente, couteau suisse et une gamelle.

La route et longue jusqu'à Algeciras où nous prendrons le Ferry pour Ceuta, encore plus longue en décembre. Embarquement avec nos motos et une bouteille de Whisky chacun, très prisé au Maroc, que nous revendrons à notre arrivée sur le continent africain.

Bien sur, nos acheteurs goutent le breuvage avant de nous le payer. Ils se sont fait refiler du thé froid et ne payent plus sans gouter. Heureusement pour nous, c'est du bon. Je pense que si on avait essayé de les arnaquer, le voyage aurait probablement débuté moins paisiblement.

Arrêt resto. 
Arrêt dodo. 
Arrêt Whisky. 
Arrêt ferry.
La température est bien plus agréable et nous filons daredare sur Casablanca, ou Gg à une adresse pour un hôtel tenu par une connaissance à son père. Royal, ce n'est pas un hôtel, mais un palace.
Nous sommes très bien accueilli. On nous donne une chambre avec accès au jardin et le soir de notre arrivée, il y a une fête avec danseuses et méchouis. Du sur mesure! Après les auberges de jeunesse, complétement vides et froides que l'on à fréquentées jusque-là, c'est vraiment superbe.

Soirée de fou, viande à gogo, bières et danse du ventre . Je me retrouve sur la piste à tutoyer les rudiments de la danse locale. Pas terrible!

Notre palace.
Vue sur la mer.
Coté jardin. 
Le parking.
Nous poursuivons notre route. Essaouira et, en longeant le bas du Haut Atlas, on rejoint Agadir.
La première nuit se passe à l'auberge et le lendemain départ à la plage où nous plantons la tente.

Il y un peu de monde avec des camping-car ou des tentes, comme nous. Installés, on part tâter les eaux de l'Atlantique. Plutôt fraîches. On passe au petit resto qui surplombe la plage et rencontrant un couple de motards qui voyagent avec leur gamin de trois ou quatre ans assis sur la boille de la bécane. Un peu risqué, à mon avis!

Nous sympathisons rapidement et passerons la plupart du temps ensemble. Nos journées se passent à faire les fous avec les motos dans les dunes pleine de cactus et de ramasser les moules sur la plage, que sa femme prépare pour tout le monde.  

Sur la plage d'Agadir. 
Bien sur, c'est moi qui suis de corvée d'eau.

On s'amuse comme des fous. 



On sent la rage de vaincre. 
Corvée de moules avec nos nouveaux amis.


Le fiston se met à la photo.
Attaqué par des chèvres.
Puisqu'on est venu jusque-là pour manger du tajine, let's go !

On passe au resto le matin, pour réserver le repas du soir. C'est le seul bistrot sur la plage, les places sont à réserver d'avance, pour les flemmards comme nous, qui n'avons pas envie de nous faire à manger.

Pas fâché d'être venus jusque-là, excellente soirée et bon repas.

La nuit, Gg dort la tête sur ses bottes, pour pas se les faire voler. Cela n'a pas marché! Un matin, plus de bottes. On part en ville dans l'espoir de retrouver le voleur. Si il le pouvait, Gg soulèverait les djellabas de tous les mecs un peu louche, pour voir la couleur de leurs babouches. Drôle de journée.

Mister "Majik"
Nos monstres.
Si c'est pas l'aventure, ça!
Quelques jours plus tard, après les embrassades et les promesses de passer voir nos nouveaux amis lors d'un éventuel périple dans leur région, nous attaquons la route pour Marrakech.  

On quitte la plage d'Agadir.
N'ayant pas préparé le voyage à l'avance, genre «saute sur ta bécane, on verra après», nous prenons la route la plus directe, sans nous rendre compte que nous passons à coté du col du «Tizi-n-Test» La route à ne pas manquer au Maroc!!!

Nous tutoyons le Haut Atlas jusqu'à Marrakech. Montagne, désert, nids-de-poule et superbes paysages. Tout y est!

Sur la route de l'Atlas.










Arrivée en ville remarquée, les têtes se tournent sur notre passage. Deux gamins, dès l'entrée de la ville, commencent à nous suivre. Ils courent sur le trottoir en nous appelant sans interruption pour nous arrêter. Stoïques, nous roulons à travers cette ville inconnue.

On cherche un camping. La solution est à portée de main. Il suffit de s'arrêter et de demander aux gamins. Ce que l'on fait, ravalant notre fierté.

Les gamins sont fous de joie, ils montent sur les motos et nous indiquent le chemin. Maintenant, ce sont eux qui sont fiers. Le camping trouvé, on monte la tente, les gamins veulent nous aider, mais le responsable du camp ne les laisse pas entrer.

Ils nous observent du coin de l'oeil, attendant leurs bakchich. Nous les avertissons que nous ne sortirons pas ce soir. Mais demain, ils peuvent nous emmener à la Médina. Rendez-vous est pris et le lendemain, nous sortons la tête de la tente pour constater qu'ils sont déjà là à nous attendre.

Le camping à Marrakech.
Ils nous emmènent jusqu'à la place Jemaa-el-Fna, où je me ferai délester de 200 Dirhams, arnaquer avec le jeu du noeud coulant, puis dans le souk. Il y a tant de choses qui se passent, et tant de choses à voir. La journée se déroule dans les odeurs d'épices et de fumée. Partout des petits restaurants nous proposent des grillades et autres mets tous plus alléchants les uns que les autres.

La nuit a pris le dessus, et toutes les échoppes ont allumés leurs semblants de lumière. Les jongleurs et charmeurs de serpents envahissent la place avec les restaurateurs du soir.


La route nous appelle et nous repartons de Marrakech pour rejoindre Fès. Là aussi, nous prendrons la route la plus directe, ratant des spots comme Ouarzazate et les gorges du Dadès, entre autres.

Dans le souk.

Fès, c'est aussi la visite du souk, où il faut être très observateur pour ne pas si perdre. Les échoppes sont rangées par catégories. Toutes les épices dans un coin, les tanneurs dans un autre, etc. Les odeurs des traitements de teinture de la laine et des peaux prennent un peu les narines. Nous ressortirons sans problèmes de cette nouvelle expérience.

Nous roulons vers l'Algérie, quelque arrêt pour prendre des photos. J'arrête ma moto et descends pour une photo de plus au milieu de nulle part. Grand bruit derrière moi, la béquille de la moto s'est enfoncée dans le sable et la bécane râle, couchée sur le flan.

Notre compagnon d'infortune.
D'aucune utilité.
On se fume un clope.
Arrivé de nul part.
Pas trop de bobo, si ce n'est le robinet d'essence, qui en tapant sur une pierre, a fissuré le polyester du réservoir. Et sa coule fort. Décharge des bagages et dépose de la boille. On verse l'essence restante dans un jerricane, et «Mister Miracle», Gg, sort sa colle deux composants. Un bédouin arrivé de nulle part avec son âne s'installe pour regarder ce que l'on fait. La fuite est colmatée et on attend un peu que cela sèche. Étonnamment, la colle tiendra le restant du voyage.

Roulage au calme.
Nous repartons en direction de la frontière, et ayant pris du retard, nous y arrivons de nuit. Deux douaniers pas sympathiques nous demandent nos papiers, d'ouvrir quelques sacs et ... de démonter le phare de la moto!

Gg pète les plombs. Hors de question que deux pandores touchent sa bécane. Dans ma tête, je trouve qu'il en fait un peu trop, et les flics sont de mon avis, parce qu'ils commencent à s'énerver eux aussi et me conseillent vivement de calmer mon copain.

Dans la tête de Gg, il se dit que si ces fonctionnaires zélés trouvent la boulette de H qu'il a planqué dans son pneu de secours (il aura quand même servit à quelque chose, ce pneu!!!) on est mort.

Je passe le message , mais rien n'y fait. Les flics nous emmènent à l'intérieur, dans deux pièces séparées, n'ayant pas l'air d'une cellule, mais plus à une salle d'interrogatoires. Je regarde autour de moi. Une ampoule palote au plafond, mais pas de traces de sang sur les murs. De nouveau, le douanier me demande de calmer mon pote, sinon, on dort au poste.

De l'autre coté, Gg assume et endort le bonhomme avec des excuses. La journée dans ce si beau pays a été longue, la nuit, la fatigue, etc. Les flics nous lâchent. Compréhensifs ou fatigués d'essayer de nous faire comprendre qu'un petit billet aurait largement fait l'affaire.

Nous repartons rapidement, et nous arrêtons dans la première auberge algérienne sur la route. Un petit bistrot avec trois tables vides et une pièce à l'étage, où nous pourrons dormir. Après quelques thés ingurgités, Gg, sort sont morceau de H et s'évertue à fourrer le tout dans un gros joint que nous fumons dans la chambre.

Je suis pas très fan de ça, alors c'est Gg qui en consomme le plus et qui dégueulera toute la nuit, pendant que je dors comme un bébé.

Le lendemain, un peu vaseux, on repart en direction d'Alger. Sidi Bel Abbès, puis la côte, que l'on longe jusqu'à la capitale. Ici aussi, les gamins nous courent après. On est abordé par un jeune qui nous invitera à manger chez des amis et à dormir chez lui. Il nous promet aussi de nous faire un cadeau, de nous montrer les beaux coins de la ville et de nous emmener à la course de moto qui se déroule ce dimanche dans les rues de la ville.  


Contrôle de qualité.
La peau de mouton offerte par notre hôte.


Combi moto, version été.
Nos bêtes de somme.

Tout sera fait. Sauf que la bouffe, nous devrons la payer. Mais la nuit gratuite et les peaux de mouton qu'il nous à offertes le lendemain, couvrent largement les quelques Dinars que nous avons payé pour manger. La course? Rigolote. Sympathiques journées.

Prêt pour aller voir la course.
Les motos de courses
Sacré angle, pour une piste de ce genre.
La foule est au rendez-vous.




Nous repartons sur la route. Nous sommes partis de Carouge depuis plusieurs semaines, l'argent devient court et nous devons rentrer bientôt.

Nous continuons notre traversée en longeant la méditerranée, jusqu'à Tunis sans problèmes. Juste un gros caillou, envoyé par le pneu de Gg, me détruit un des verres de mes lunettes et en roulant dans Tunis, une femme qui se trouve au milieu de la rue, m'arrête net. J'ai pu freiner à temps, mais pas assez, puisque ma roue avant se retrouve calée entre ses jambes et mon phare dans sa poitrine.
La femme tombe assise. Je m'arrête et la relève, lui demande si tout va bien. Elle me dit que oui et s'en va.

Nous passons à côté du «lac de Tunis», souvent appelé simplement «le lac» pour nous rendre au Ferry pour la Sicile. Du côté italien nous trouverons de quoi dormir dans une auberge où nous pourrons mettre les motos dans la maison pour la nuit. 

Sur la route, Algérie.
Nos dernières images de la Tunisie.


La suite sera la rentrée. Traversée de Méssina à Villa San Giovanni, à travers le détroit Messina, puis la longue route qui nous ramènera à la maison. Nous passons par le tunnel du Mont Blanc et nous nous arrêtons à Chamonix. 
Il neige.

Un dernier plein et on se sépare. Gg reste à Chamonix et moi, je me fais la dernière heure de route sous la neige.

Quelques tajines me dansent devant les yeux...


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